Tuuuut, tuuut, tuuuut, tuuuuuuut….
Le formidable bruit du réveil matin.
On l’a tous maudit au cours de notre vie, cet horrible bruit.
Mais pour cette fois, je suis content de l’entendre…
Ça faisait un mois que j’attendais qu’il sonne ce machin, depuis la fin du rallye de la Sarthe.

Passons sur le fait que je n’ai récupéré la bécane que la veille du départ, donc aucune possibilité de s’entrainer avec… Boaf, ce n’est pas grave, je n’y vais toujours pas pour tordre tout le monde, mais pour débloquer ma conduite et profiter un maximum du délire…

6h du mat’, je pars en moto chez Greg (pour rappel, le champion de France 2006), où je retrouve un de ses potes corse complètement barge. Chargement des 2 motos dans le camion et broooaaaap, direction Marseille pour l’embarquement.
Première fois de ma vie que je vais en Corse, et c’est pour un rallye… Mince alors…
La nuit est courte, on retrouve déjà quelques connaissances, on rencontre de grand noms comme monsieur Curtat (ortho ?), bonne ambiance assurée, avec arrivée vendredi au petit matin.
Je vous laisse imaginer la tronche de Ol’ qui s’est couché il y a 2 heures, et à qui on annonce qu’il doit nous emmener sur les spéciales. Un œil au niveau de la joue, l’autre en haut du front, oula, c’est pas beau !
Et là le mode touriste commence.
Le paysage est à tomber, et je regarde tout sauf la route. Ol’ et Greg s’en contrebalance visiblement, et roulent bien engagés sur le routier qui virevolte dans tous les sens jusqu’à la première spéciale. Les liaisons sont sublimes, paysages, route qui ne s’arrête plus de tourner, bitume accrocheur et lisse (2-3 passages dégeux, mais du pipi de chat comparé à la Sarthe), ça donne envie d’aller visiter le reste de l’île !

Tiens donc la route commence à se couvrir de nid de poule et de bitume pourri, serait-on arrivé au départ d’une spéciale ? Bingo ! La première, la plus longue… La trop longue surtout. Mais ça, je ne le sais pas encore. Je fais 2 montées avant de faire le touriste à l’ombre sous les arbres, pendant que Greg enquille plusieurs séries… Il a un titre à défendre, moi j’ai du bon temps à prendre, faut pas déconner, on n’a pas tout à fait les mêmes objectifs !
D’autant que je ne comprends rien. Plusieurs enfilades de virages légers permettent de prendre une vitesse de dingue, des trous en pleine trajectoire, une descente en aveugle, une dernière épingle où je passe à 4km/h, je n’ai retenu que ça. Boaf, je roulerai à vue, je n’arrive pas à comprendre la technique de l’apprentissage des recos, ça sera pour une prochaine fois…
C’est beau, il fait chaud, on entend les moteurs hurler, je me pose sur un arbre, à l’ombre, et j’écoute les potos monter et descendre… Baaah, j’aurais bien le temps de m’énerver demain…

Départ pour la deuxième spéciale, le routier est facile, aucune chance de se planter comme dans la Sarthe. C’est toujours aussi beau, ça donne envie de s’arrêter à chaque virage pour prendre une photo. Ma référence c’était les Pyrénées pour l’association route/paysage de folie. La référence vient de sauter avec ces quelques kilomètres en Corse. Pfiouuuu, et dire que l’on n’aura pas le temps d’en profiter !
Greg fait 2-3 montées de la « petite » spéciale, moi une seule, boaf, pas la motivation. Je m’imagine plus sur la plage que sous un cuir demain, ça va être difficile de se motiver…
Mince d’ailleurs, à quoi elle ressemble cette spéciale ? Eh zut, une fois de plus je n’ai pas fait l’effort de retenir quoi que ce soit…. Ça démarre comment déjà ? Un droite, un gauche ? Euuuh, l’inverse ? Baaaaah, c’est les vacances, on ne va pas s’énerver !

Je fini la matinée calé derrière Greg au point mort sur le routier… Il n’a plus d’essence… Bah heureusement que ça descend !
L’aprem’, hop, petit tour avec Pom qui est là depuis 2 jours et qui m’affirme mordicus que les recos, ça a du bon… Bah bah bah, je laisse couler mais je veux bien faire un petit tour sur la plus courte, histoire de la revoir une fois.
En haut, on croise la femme de Serge Nuques (multiple champion enduro, rallyes et moto tour pour ceux qui ne suivent pas) qui nous dit de faire gaffe, son mari remonte la spéciale à pied… Comment ça à pied ? Bah avec ses jambes en fait… Je m’arrête à sa hauteur pour lui demander s’il compte les cailloux, s’il fait ça souvent, moi qui ne voit pas encore l’utilité des recos à mon niveau… « C’est plutôt rare, mais je veux niquer les corses » qu’il me dit.
Ah bah effectivement, il y a une tripotée de locaux qui sont inscrits, et qui doivent connaître les routes par cœur… Va y’avoir du sport !

Retour après une seule montée…
De toute façon j’ai rien appris, j’ai juste essayé de compter les cailloux comme Nuques, mais en moto c’était pas le top…
On laisse la moto dans le parc fermé en bord de plage et zou pour la soirée ambiance camping, avec les potos, J1000 nous a rejoint, blalblalbla,hihihi, houhouh, beeuuuurp, roooofllllllll.

Et c’est le grand jour…
Punaise, qu’est-ce que je fou en cuir plutôt que d’être allongé sur la plage ?
Pourquoi je suis en train d’attendre mon tour pour le départ, en plein cagnard, avec ce mec qui gueule mon nom au micro, plutôt que de tremper mes chevilles au bord de l’eau ?
Bon, ben quand faut y’aller…
Pifpafpifpafpifpafpiafpaf, c’est le routier, c’est toujours aussi beau, sauf que là, plus le temps de regarder, pas moyen de trainer avec la moyenne imposée ! Pendant les 400 prochains kilomètres, je ne vais plus voir que cette bande de bitume qui tourne, qui tourne, qui tourne…. Faut être un peu con quand même !

Grosse attente au pied de la première spéciale, Tassinca, une chute, un héliportage (épaule en vrac pour un pilote), une heure d’attente en plein soleil… L’occasion de discuter avec les rigolos de service, mais surtout, l’occasion de perdre l’infime partie de motivation que j’avais emporté dans mes poches…
Ok, ok, c’est mon tour, ne poussez pas, j’y vais…
3, 2, 1, go petpetpetpet…. Oooooohhhh la jolie vue. Merde ça tourne à droite. Ouuaaaaah, les fleurs ! Ptin de con de virage. Ouuuuh, la vache ces couleurs de printemps là-bas ! Ah merde quoi, les bosses ! Ohhh, les jolis spectateurs ! Raaah ça tourne à gauche !
Euuh, des spectateurs ? Raaah punaise, je suis sur une spéciale de rallye routier et je me traine la bite !!!! Bon allez hop, 2 kilomètres plus loin, on se réveille !
Aaaaaaaaahhhh ça va vite, aaaaaah, où ça tourne ? OOoooooooooooooOOoooh la descente maman, ça saute, ça bouge, y’a plein de gens qui viennent de me voir passer l’épingle en troisième, beuuuup, oooh, ben dis donc ! Super cette route, je suis déjà passé par là ?

Il est temps de rallier l’autre spéciale. Je décide d’y mettre un peu plus du mien. P’tite glisse, grosse accel’, mais je passe tout en vrac et à vue, avec modif’ des traj’ en plein virage, grosses frayeurs, mais le retour des sensations de cinglés qui font aimer cette compet’ ! Pom avec son dominator me colle des secondes partout… Bon ok, ptêtre bien que les recos servent à quelque-chose…
Deuxième boucle, je me crache dans les pognes pour la longue spéciale.
Ça lève dans tous les bouts droits, les trous envois la moto valdinguer dans tous les sens, je décolle plusieurs fois de la selle, tout à toc, ça fait peur, ça va vite, j’ai le cerveau qui rebranche d’un coup, pas moyen de rester à ce niveau, je me fais trop peur… Je fais un espèce de « break » en pleine spéciale, je me met à rerouler façon routier pendant 500 mètres, le temps d’évacuer le trop plein de stress, et je remet gaz sur la fin. J’ai pigé l’épingle et je ressors en première pour passer l’arrivée en petit wheeling. Les spectateurs sympas applaudissent quand même les poireaux dans mon genre, alors qu’ils viennent de voir passer Greg, Nuques, Amblard et compagnie, ça fait vraiment super plaisir !
La spéciale était trop longue pour moi, pas moyen de rouler aussi fort et de me faire peur aussi longtemps (5km, pas grand-chose pourtant), j’ai du boulot à faire là-dessus !
Et malgré ce dépouillage en règle, Pom me colle 3 secondes avec sa dominator ! Bon, j’vais peut-être réfléchir pour les recos la prochaine fois ! Il a vraiment assuré ce coup-ci le salopio !

Même topo pour la dernière spéciale de la 2ème boucle de jour, avec en plus la pluie qui tombe depuis 20mn (tout le monde n’y a pas eu droit du coup). On devient totalement blasé, on accélère n’importe comment avec la moto qui part, ça débloque vraiment ce genre de truc. Quelques secondes de plus que sur le sec, rien à dire.
On rentre à l’assistance, moto au parc fermé avec les feux additionnels, et gros repos avant de repartir. Le pilote corse du coin (Statuto ?) a fait super fort en rentrant Nuques, Siaux, Greg et toute la clique à la régulière. M’enfin c’est bon esprit puisque le basque a fait passer le mot « les corses vont se faire enfiler cette nuit » Ahhh… Moi je n’aurais pas osé quand même, peut-être parce-que je n’ai pas son niveau !

On repart pour la nuit. J’ai un peu peur de prendre des pions sur le routier qui passait un peu juste de jour, mais finalement, ça ira. On replonge dans cette ambiance fantastique, tout seul, à tourner la poignée dans le noir. La première spéciale, la longue… Bah ça va pas être facile.
D’ailleurs je ne fais rien, si ce n’est de me faire peur… Surtout cette descente où on plonge sans rien voir. Il y a encore quelques flashs, les spectateurs ont pris le maquis pour la nuit ! Sympa ! Les routes auront raison de quelques motos, comme celle de laurent, le 247, qui me suit depuis la Sarthe. Entrée d’air du ZX6R cassée net ! Abandon, la tête de fourche se balade dans tous les sens, les phares avec.
La petite spéciale est encore humide visiblement, on va pas s’en prendre une la nuit. Un truc marrant, les spectateurs ont fait des feux de camp pour se réchauffer. J’étais déjà paumé total, là c’est festival, les yeux sont attirés par les flammes, on regarde tout sauf la route, olé, le chrono n’est pas parti pour s’affoler cette nuit !

Bon, par contre, mon ampoule de code a claqué, il faut la changer pendant l’assistance. Philippe, le poto corse de Greg me file un coup de main, trouve une ampoule je ne sais plus où, merdum, ça ne fonctionne pas, quelque-chose d’autre a du foirer. Du coup j’ai fait l’impasse sur l’essence, je n’avais pas le temps en 30mn de passer à la station, bah, ça devrait aller avec ce que je tire dessus…
Avant que je reparte, une mauvaise nouvelle tombe. Greg est parti au tas. Pas d’autres news si ce n’est qu’il est à l’hosto. Arghhh… Je repars plutôt crispé, attentif aux radars qu’on nous a collé (merci les mecs !), pour trouver la première spéciale annulée !
La voiture d’assistance a vidangé sur toute la traj’, et les commissaires ont laissé partir les premiers sans avoir vérifié (la voiture a brûlée en haut de la spéciale quand même, ils auraient pu se méfier). Carton rouge sur ce coup ! Ils ont attendus que Troussard s’en mette une avant de voir ce qui se passait !
Sur la 2ème la moto de Greg est là, à moitié déginglée. Ça fou la boule au ventre, je pars comme en routier ou presque, d’autant que les feux de camp s’éteignent en laissant la fumée envahir la route. Le dernier coup d’adrénaline viendra en fin de spéciale, avec le témoin de réserve qui s’allume ! Et m… ! Bon, ça descend, mais faut pas trainer pour ne pas prendre de pénalités ! Moto au parc fermée, mission accomplie. Greg revient pas trop cassé (comparé à Laroche qui s’est cassé la clavicule), mais le moral dans les chaussettes. On regarde le jour se lever en écoutant les conneries de Nuques. Il est 6h30, je n’ai pas dormi depuis hier matin, j’abandonne en laissant les plus cinglés finir la nuit avec leur moto dans le sable.
3h de sommeil, et il faut déjà repartir pour le continent…
J’apprends que Pom s’est bourré sur une spéciale, pas de casse, mais il perd du temps au général.
Du coup je fait 78 et lui... 79!
Il va m'en vouloir là!

Ol', l'encucu, 15 au scratch!!!!
2ème sport derrière un local, il garde sa première place au championnat!
Bah punaise…
Quel panard…
Raaaahhhhh, trop court !




edit:
Toutes les photos ici:

http://leeoneil.free.fr/04.07_rallye_corse/04.07_rallye_corse.zip